Besoin ou envie?
Le responsable production dit ne pas avoir de besoin !
Passage à l’acte : Besoin ou envie ?
Comparez nos vies d’il y a 15 ans à celles d’aujourd’hui.
Internet a pris une place prépondérante :
- On fait nos courses avec l’ordinateur, on prend la voiture parfois sans en sortir et le tour est joué.
- On communique en instantané pour dire notre humeur du moment ou s’il fait beau à l’ensemble du monde (forums sociaux)
- On échange avec nos amis instantanément sans avoir à supporter leur présence ou à se déplacer pour les rencontrer (on peut même se voir avec la Webcam)
- On anime notre vie amoureuse grâce aux sites de rencontre
- Et on recherche du travail confortablement assis dans un fauteuil
Le téléphone portable est un compagnon de vie incontournable :
- On se souhaite bonne année par sms
- On pratique de nouvelles langues (sms)
- On s’appelle pour parler du beau temps ou raconter son travail à son meilleur ami (virtuel)
- On tue le temps dans les transports en commun en faisant étalage de notre vie en présence de quidam qui n’en ont pas grand-chose à faire et aimeraient peut-être davantage profiter d’un peu de calme
- On appelle du supermarché pour être certains de ne pas se tromper de marque de pâtes…
- On se bat avec les fournisseur (Orange, SFR, Bouygues…) pour des dépassements de forfaits
- On se bat avec nos banquiers pour des pénalités pour comptes dans le rouge suite à un prélèvement de notre fournisseur
Les zones commerciales se multiplient
- On s’y rend en famille pour la sortie du week-end (courses et repas sur place)
- On s’y rend le midi pour flâner en déjeunant sur le pouce
Malgré cette modernité, cette souplesse dans notre vie quotidienne qui a métamorphosé nos envies en besoins voire nécessités (imaginez un adolescent sans téléphone portable ou console de jeux !!) Il est un domaine ou l’être humain est inamovible depuis 15 ans (voire +).
Dans les IAA, dont l’activité a augmenté avec les changements de mode de consommation (GMS, Restauration Hors Foyer, Cafés Hôtels, Restaurants, déjeuners sur le pouce…), les pratiques en matières de formation sont restées à la traîne.
Comme pour le matériel et les matières premières, les IAA gèrent leur Ressources humaines à stock 0.
Alors qu’on sait pertinemment que l’être humain est un maillon important du fonctionnement de l’entreprise, qu’il n’est pas duplicable et, en de nombreux points, pas remplaçable par la machine.
- Qu’il n’est pas garanti par le constructeur
- Que les règles « satisfait ou remboursé » ne lui sont pas applicables
- Qu’il est animé d’envie
on continue à attendre le dernier moment (le besoin) pour penser à la relève.
Monsieur X, responsable production de l’entreprise Y, ne prend pas d’apprenti en production car il n’a pas de besoin.
Il sait pourtant que 65% des salariés de l’entreprise sont sous sa responsabilité (la RH lui a peut-être rappelé).
Il sait pourtant que lorsqu’il fait appel à l’intérim il est plus rarement satisfait qu’il y a 15 ans.
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Il sait que Pole Emploi proposera une aide qui ne sera efficace que s'il investit le temps qu’il n’a pas pour l’élaboration d’un outil paramétré (Méthode de Recrutement par Simulation) permettant de chercher les compétences (et non les diplômes) sous réserve d’être patient et de recruter en nombre.
Il sait que la moyenne d’âge de son service augmente dangereusement.
Mais si il n’a pas envie de se faire malmener par les financiers qui lui demanderont des comptes quand au stock qu’il se constituera en ayant recours à l’alternance.
Il ne souhaite pas avoir à gérer des problèmes humains plus probables si l’effectif augmente (même peu) et plus difficiles à contrôler qu’un problème technique.
Il doute qu’il puisse avoir le soutien des Ressources Humaines et ne souhaite pas le leur demander (c’est à eux de venir).
Il n’a pas imaginé qu’il pourrait, même si ce n’est pas l’idéal humainement et financièrement, procéder comme l'industrie automobile avec ses sous-traitans et confier aux Agences de Travail Temporaires sont stocks de compétences (les IAA tentent parfois le groupement d’employeurs).
A ce jour, les compétences n’existent pas et peu de filières les préparent.
Il est urgent que l’envie refasse surface et comble l’absence de besoin à l’instant "t" de monsieur X qui l’empêche de former par alternance et que le service RH doit pour argent comptant.
Depuis 15 ans, les effectifs des IAA sont stables, la répartition est la même (65% production) mais nos formations spécialisées ne font pas le plein et la profession parle d’une mauvaise image. A l’instar du besoin de Monsieur X, l’image n’existe pas.
La profession soutient financièrement des formations supérieures déjà pléthoriques et qui ne répondent pas aux besoins futurs de nos entreprises mais éventuellement à ceux du moment (non pérenne, main d’œuvre bon marché, accueil et encadrement peu organisé et non formalisé)
Si le financier décide dans nos entreprises, il est nécessaire pour les fonds de la formation soient orientés vers l’utile à moyen et long terme.
Le financier dans ce cas décidera de se mettre à la disposition de l’humain pour l’économique durable.
Lucien GORRET