Journal du mardi 15 janvier 2013
L'industrie manque toujours de bras
Entre 60.000 et 80.000 embauches sont programmées dans la métallurgie chaque année d'ici à 2015. Mais les candidats manquent.
Si l'industrie paye en France un lourd tribut à la crise économique, les recrutements n'en restent pas moins toujours une réalité. Selon les prévisions de l'UIMM, qui regroupe 43.000 entreprises et 1,5 million de salariés, les volumes d'embauches oscillent toujours entre 60.000 et 80.000 personnes chaque année d'ici à 2015, dont 30 à 40 % de jeunes diplômés. «Nous savons que sur ce chiffre un certain nombre de recrutements ne seront pas réalisés, faute de candidats disponibles, constate Joël Mendez, directeur emploi et formation. Sur certains métiers en tension, en effet, le déficit de candidats est très lourd, tant pour des questions de mobilité que de compétences.»
Un Observatoire des besoins en recrutements va être prochainement lancé par l'UIMM pour mieux comprendre vers quels profils se dirigeront demain les entreprises. Les métiers classiques de la production tels que la productique, la transformation des métaux, mais aussi la maintenance, la mécanique ou l'électronique garantissent toujours des débouchés à des profils qualifiés et un tant soit peu mobiles. Encore faut-il que les prescripteurs sachent «vendre» leurs offres de postes. «Ils souffrent effectivement d'un déficit d'image, admet le responsable de l'UIMM, alors même que, sur le plan salarial, ils proposent des niveaux de rémunération supérieurs à la moyenne.» Un ouvrier qualifié dans l'industrie peut espérer jusqu'à 2200 € par mois, un technicien entre 1700 et 3000 €, un technicien supérieur de 1900 à 3200 €, alors que la fourchette pour un ingénieur oscillera entre 2900 et 3710 € et pourra aller jusqu'à 8300 €.
79 % des apprentis ont un job
Pour tenter de remédier à cette situation de pénurie, l'UIMM entend jouer sur plusieurs fronts. L'alternance d'abord, même si, là encore, l'offre et la demande ne coïncident pas toujours. «Les demandes des entreprises sont parfois en décalage avec les jeunes que nous leur proposons», reconnaît Joël Mendez en confrontant les chiffres: un millier de postes en entreprise non pourvus et un millier de dossiers de jeunes en «stock», sur un total de 26.000 apprentis. Ce cursus de formation donne pourtant de bons résultats, puisqu'en 2011, 79 % des apprentis sortis des CFAI (Centre de formation d'apprentis de l'industrie) avaient trouvé un emploi dans les six mois suivant l'obtention de leur diplôme (contre 69 % en 2010).
La préparation opérationnelle à l'emploi peut être une autre voie pour former des demandeurs d'emploi à certains besoins spécifiques des entreprises. Un objectif de 4500 personnes formées grâce à ce dispositif est fixé pour 2012. Quant au fonds Agir pour l'insertion dans l'industrie (A2i), doté de 70 millions d'euros, il vise à ramener des jeunes déscolarisés dans le circuit de l'emploi en leur donnant un socle de compétences: 11.000 jeunes sont concernés à travers 80 projets.